jeudi 23 décembre 2010
Faites le son !
Le documentaire réalisé par le street artiste et activiste anglais Banksy, Faites le mur (Exit Through the Gift Shop), c’est bien sûr des images, et pas des moindres : pochoirs (sur le mur de Gaza !), ou stencils, installations (la cabine téléphonique anglaise destroy et le mannequin rappelant clairement un prisonnier de Guantanamo installé à Disney en sont des exemples), et autres graffs… mais aussi du son !
Principalement composée par le DJ originaire de Bristol Roni Size, la musique rythme les œuvres d’acteurs phares du genre (90's) comme Invader et ses mosaïques de Space Invader, Frank Shepard Fairey et ses posters détournés de Barack Obama ("Hope"), sans oublier les pièces fumistes de Mr Brainwash ! Du pur hip hop, des sonorités analogiques évoquant l’univers 8-bit des jeux vidéos (cf. Space Invader), de la musique planante, ouais parce que l’art ça fait planer aussi ! Et du son urbain quoi, avec entre autres Geoff Barrow à la direction musicale, tête pensante de Portishead, Air, DiskJokke's etc. !
Source: discosalt.com
samedi 18 décembre 2010
Beach House, une chanson de Noël?
La hotte du duo originaire de Baltimore que forment les mélodistes Victoria Legrand et Alex Scally contient cette année une pop song onirique baptisée I Do Not Care for the Winter Sun, à l’image de leur univers éthéré…
Vous l'aurez compris, l’heure est au bilan de fin d’année. En cette période de Noël, beaucoup sont nostalgiques. Alors pour être raccord avec l’ambiance générale teintée de magie, féerie et parfois de vague à l’âme, certains en profitent pour confectionner LA chanson hivernale idéale, à l’instar du tandem Beach House. Cotonneuse et polaire, leur winter song intitulée I Do Not Care for the Winter Sun laisse rêveur et songeur. Une dream pop mélo et atmosphérique rythmée par des clochettes de circonstances, qui apaisera bien des journées pendant les vacances de Noël entre courses intrépides à la recherche des derniers cadeaux à offrir et rafale de boules de neige. Ça tombe bien, Beach House n’a que faire du soleil en hiver !
Forts de leur succès avec Teen Dream publié en janvier 2010 sur le mythique label Sub Pop, Beach House a su s’emparer de l’engouement général et s’aligner sur la tendance « bonus-track-et-cadeau-discographique-spécial-Noël » comme l’ont fait The Bewitched Hands avec Christmas Tree, ou Gorillaz en offrant un calendrier de l’avant en mode X-mas 2.0, et un nouveau LP à télécharger gratuitement le jour de la Nativité.
Postée le 16 décembre sur le site du groupe, cette chanson inédite est disponible en streaming et ici même.
mardi 14 décembre 2010
Les pochettes de disques discoïdes !
Alors que la plupart des webzines tentent de confectionner LA discographie idéale made in 2010, un top ten des meilleurs LP ou je ne sais quoi, moi, je me prends d’un délire et d’une nouvelle obsession pour les artworks discoïdes des pochettes d’albums qui ont marqués l’année. Et ouais c’est comme ça.
Culte du plan euclidien ? Cercle vicieux et spirale infernale ? Effet de miroir et mise en abyme habile où la forme rappelle le fond, le contenant le contenu? Bref, de Flying Lotus et sa pop psyché et analogique au gourou Gonjasufi et ses hymnes mystiques en passant par le tandem d’indie rock Broken Bells, que forme le leader de The Shins et Danger Mouse… Sans oublier le violoniste Canadien Owen Pallett ou encore Caribou et son electro synthétique emmenée par un steel drum furibard etc., tous ont auréolé l’année 2010 !
Décliné dans toutes les couleurs du prisme, du pastel au plus technicolor, mais jamais sous toutes ses formes, the ring nous guette...
Broken Bells - Broken Bells
Owen Pallett - Heartland
Caribou - Swim
Flying lotus - Cosmogramma
Errors – Come Down With Me
Gonjasufi - A Sufi and a Killer
Baths - Cerulean
The Amplifetes - The Amplifetes (thx to SG)
Panico- Kick
Quand le maître de l'esthétique hypnotique remixe ses morceaux, il détourne fatalement sa pochette... Caribou - Swim Remixes
lundi 6 décembre 2010
La playlist du moment
Une playlist fraîchement concoctée en cette période d'accalmie climatique. Un son qui adoucie les moeurs donc. Folk acidulé, electro ambiante et tout de même un ou deux morceaux plus corsés pour nous mettre en jambe!
The Two
Même si ça nous agace au plus haut point, force est d’admettre que les chats ne font pas des chats. La fille de Philippe Stark + le fils de Jean-Michel Jarre = forcément duo de choc. Ara et David, un charmant duo vocal sur fond de pop récréative et de folk scintillant un brin mélo. Mention spéciale pour les solos de guitare électrique lancinants et tourmentés.
Deux extraits valent mieux qu’un !
Everyday
In My Head
Le MySpace de The Two
Barbara Panther
Quand une voix juvénile et délicate surfe sur des arrangements electro barabares, primitifs et complètement démentiels! Barbara Panther, la panthère noire venue du Rwanda exilée à Berlin sait marier avec sagacité les sonorités industrielles propres à la scène berlinoise, et les harmonies tribales de l’Afrique. Un son à la fois nerveux et subtil, une electro pop en clair-obscur...
Empire
Le MySpace de Barbara Panther
Jed and Lucia
De l’electro acoustique atmosphérique teintée de downtempo et enrobée de murmures apaisants, voilà ce que nous offre le tandem californien: un bijou psych-folk.
April Shower
Le MySpace de Jed and Lucia
Ariel Pink
Parce qu’Ariel Pink est l’un des parrains les plus déjantés de la scène lo-fi californienne, et qu’on aime les fous qui font du bon bruit !
Bright Lit Blue Skies
Le MySpace d'Ariel Pink
samedi 4 décembre 2010
La magie Madjo
Autant moyennement emballée par l’écoute studio, la prestation scénique de Madjo hier soir à l’EMB m’a agréablement séduite, voire envoûtée.
Ce trio vocal surtout. La chanteuse est entourée de deux choristes, un gars aux allures de Hendrix dandy (également bassiste), et une nana dotée d’un sacré organe (s’adonnant aussi aux percussions). Ca groove, ça swingue, ça claque des mains et souvent ça nous hérisse les poils. La maîtrise des voix est palpable, et les instrumentalisations, minimalistes. Sans prétention. Un beatboxer vient parfaire l’univers de la belle, quelque part entre conte moderne et folk soul lumineuse, en y ajoutant quelques harmonisations electro, comme une boîte à musique ou des chœurs célestes. Aux confins de l’expérimentation, le groupe n’hésite pas à avoir recours à quelques curiosités acoustiques. On voit les deux choristes créer un son particulier à l’aide de froissements de plastique, tandis que la leadeuse passe d’une guitare sèche typée sixties à une électrique rouge sanguine, raccord avec son top.
Le son est lunaire et truffé d’étrangetés sonores (Le cœur Hibou), nocturne (la balade Insomnia), et solaire à l’exemple de ces pop song groovy (Trapdoor In A Wall, Leaving My Heart). Quant à Madjo, elle irradie au milieu de la scène, parée d’une veste gold glam. Elle brille par sa voix aussi, il va sans dire, nous rappelant tantôt celle d’Amy, tantôt celle de Feist. Eraillée, soulfull et limpide, on entend encore les ouh ouh ouh résonner…
vendredi 3 décembre 2010
Mad Girl ?
Flocons de neige et illuminations, la magie de noël commence à opérer. Et à déteindre sur... moi?
Par ce froid glacial, certains sont tentés de tuer la Miss Météo de Canal + (bien qu’elle n’y soit absolument pour rien), et d’autres (comme moi), ont simplement envie de se lover dans un énorme plaid tricoté main près de la cheminée (tout ça est malheureusement fictif)…
Fermez les yeux et imaginez un instant. Le crépitement du feu, le vin chaud, l'odeur de chocolat et de bois (ou de cigarette et d'écorces d'orange, c'est vous qui voyez hein), c'est quand même über-réconfortant! Avec ça, vous vous laissez facilement happer par l’ambiance feutrée et nostalgique des fêtes de fin d’année. Car oui, vous ne détestez plus Noël. Vous avez même été séduits par cette petite-chaussette-en-feutre-avec-petit-lutin-brodé–débile qui viendra orner le sapin. Si si ! Après des années de rejet, le sol de votre appartement sera lui aussi tapi d’épines et vous garderez même votre sang froid parce que vous débordez de bons sentiments. Mais afin de vivre le nec plus ultra des Noël douillets, il vous faudra compléter ce tableau rétro par une petite musique de fond. Et rien de mieux que le son poussiéreux, un rien suranné mais tellement de circonstances, de la BO de Mad Men… Folk, jazz et grands classiques.
Ma petite sélection:
Don Mclean - Babylon
Miles Davis- Concierto De Aranjuez Adagio
Bob Dylan - Don't Think Twice, It's Alright
Ella Fitzgerald - Manhattan
Marilyn Monroe - I'm Through With Love
THE PENTAGONS - I'm In Love
FIN
Générique: A Beautiful Mine par RJD2
samedi 13 novembre 2010
The Hundred in the Hands, 3 tentatives et un verdict
Il y a avec certains groupes des relations particulières que l’on entretient sans trop comprendre. On les découvre au hasard d'une page MySpace, on les écoute, on aime, et on en vient à intégrer l'album sur notre I-Phone en attendant de les voir sur scène. Mais parfois l'expérience s'avère plus difficile que prévue...
Tout a commencé cet été. Alors que je me rendais à la Plage du Glazart pour entendre les poulains de l’écurie warpienne, voilà que les tourneurs nous annoncent que The Hundred in the Hands ne pourront assurer leur concert. Raisons techniques, logistiques où je ne sais quoi. Le tandem en personne vient s’excuser sur scène, avant de regagner sa loge et laisser les spectateurs penauds.
Un mois plus tard, on réitère l’expérience au festival de Saint-Malo, La Route du Rock, et comme une fatalité la frustration allait une fois de plus frapper. Enthousiaste et plus motivée que jamais à l’idée d'une petite séance de rattrapage, j’attends patiemment la navette à la Gare de Saint-Malo avec une amie direction Fort Saint-Père, pour enfin vibrer sur This Desert. Seulement la navette était autant bourrée que les festivaliers qui l’occupaient. Pleine à craquer de vacanciers surexcités et de campeurs ankylosés de sacs Quechua et de canettes de bières. Il n’y avait rien à faire, hormis rester gentiment sur le quai et sous la flotte une heure de plus jusqu’à l’arrivée de la prochaine navette, qui allait immanquablement nous faire rater la prestation des "100 dans les cheveux", comme nous l’a très bien traduit Eleanore Everdell au Point FMR jeudi dernier – bien que ça ne veuille absolument rien dire on est d’accord.
Parce que oui, je suis parvenue à les voir, mais non sans mal. 21h et des brouettes, énième coup de théâtre. « The Hundred in the Hands va avoir une peu de retard, ils sont sur la route, à 50 km. En attendant un DJ va vous balancer du son et c’est open bar ! Non je rigole ! ». Bah voyons. Une fois n’est pas coutume hein. Une pinte de bière et deux cigarettes plus tard, le couple débarque enfin. Et le public du Point FMR trépigne d’impatience. Il faut maintenant passer le temps des derniers réglages et des balances qui n’ont évidemment pu être effectués dans les règles de l’art. Moyennant un début de set bancal.
La voix d’Eleanore peine à se faire entendre, et on a l’amère sensation que le jeu de guitare de Jason Friedman se réduit à une performance de mime. Les samples et les instrus électro étouffent les rares instruments « organiques ». C’est dommage.
Attendrissant, le duo fait tout ce qu’il peut pour se donner de la constance sur scène. Elle, lève le bras nonchalamment et fait mine d’être d’ores et déjà en transe, et lui, s’excite sur sa guitare comme pour justifier la présence sonore de sa bécane. Mais c’est foutu. Dans la salle électrisée, on a chaud, on est bien trop serrés, et on aurait in fine préféré entendre The Hundred in the Hands sur le dancefloor d’une boîte de nuit. Au moins on aurait pu danser, parce que sincèrement sur scène il n’y a rien à voir. Entre les moments où Jason nous tourne le dos pour cliquer sur son ordinateur et où Eleanor meuble l’espace seule sur le plateau, rares sont les instants de grande intensité.
Imposture ? Pas totalement. La deuxième partie fut nettement plus enivrante, et la jolie brune a tout de même une sacrée voix. Pas suffisant ? Certainement. La formation est bien trop pauvre pour supporter les planches d’une salle de concert, aussi petite soit-elle. Et après deux heures d’attente, on est bien trop vite expédiés, avec seulement une petite heure de show et un rappel lâché à la sauvette sur fond de Tom Tom. Non vraiment ce n’était pas nécessaire. L’électro c’est bien, mais The Hundred in the Hands, malgré un premier effort totalement grisant, n’a pas suffisamment d’étoffe pour nous transporter. On attend donc la venue d’un batteur et d’un vrai bidouilleur de son, et on reviendra les voir, même s’il faut pour cela poireauter encore et encore.
Concert du 11 novembre 2010 au Point Ephémère
Tout a commencé cet été. Alors que je me rendais à la Plage du Glazart pour entendre les poulains de l’écurie warpienne, voilà que les tourneurs nous annoncent que The Hundred in the Hands ne pourront assurer leur concert. Raisons techniques, logistiques où je ne sais quoi. Le tandem en personne vient s’excuser sur scène, avant de regagner sa loge et laisser les spectateurs penauds.
Un mois plus tard, on réitère l’expérience au festival de Saint-Malo, La Route du Rock, et comme une fatalité la frustration allait une fois de plus frapper. Enthousiaste et plus motivée que jamais à l’idée d'une petite séance de rattrapage, j’attends patiemment la navette à la Gare de Saint-Malo avec une amie direction Fort Saint-Père, pour enfin vibrer sur This Desert. Seulement la navette était autant bourrée que les festivaliers qui l’occupaient. Pleine à craquer de vacanciers surexcités et de campeurs ankylosés de sacs Quechua et de canettes de bières. Il n’y avait rien à faire, hormis rester gentiment sur le quai et sous la flotte une heure de plus jusqu’à l’arrivée de la prochaine navette, qui allait immanquablement nous faire rater la prestation des "100 dans les cheveux", comme nous l’a très bien traduit Eleanore Everdell au Point FMR jeudi dernier – bien que ça ne veuille absolument rien dire on est d’accord.
Parce que oui, je suis parvenue à les voir, mais non sans mal. 21h et des brouettes, énième coup de théâtre. « The Hundred in the Hands va avoir une peu de retard, ils sont sur la route, à 50 km. En attendant un DJ va vous balancer du son et c’est open bar ! Non je rigole ! ». Bah voyons. Une fois n’est pas coutume hein. Une pinte de bière et deux cigarettes plus tard, le couple débarque enfin. Et le public du Point FMR trépigne d’impatience. Il faut maintenant passer le temps des derniers réglages et des balances qui n’ont évidemment pu être effectués dans les règles de l’art. Moyennant un début de set bancal.
La voix d’Eleanore peine à se faire entendre, et on a l’amère sensation que le jeu de guitare de Jason Friedman se réduit à une performance de mime. Les samples et les instrus électro étouffent les rares instruments « organiques ». C’est dommage.
Attendrissant, le duo fait tout ce qu’il peut pour se donner de la constance sur scène. Elle, lève le bras nonchalamment et fait mine d’être d’ores et déjà en transe, et lui, s’excite sur sa guitare comme pour justifier la présence sonore de sa bécane. Mais c’est foutu. Dans la salle électrisée, on a chaud, on est bien trop serrés, et on aurait in fine préféré entendre The Hundred in the Hands sur le dancefloor d’une boîte de nuit. Au moins on aurait pu danser, parce que sincèrement sur scène il n’y a rien à voir. Entre les moments où Jason nous tourne le dos pour cliquer sur son ordinateur et où Eleanor meuble l’espace seule sur le plateau, rares sont les instants de grande intensité.
Imposture ? Pas totalement. La deuxième partie fut nettement plus enivrante, et la jolie brune a tout de même une sacrée voix. Pas suffisant ? Certainement. La formation est bien trop pauvre pour supporter les planches d’une salle de concert, aussi petite soit-elle. Et après deux heures d’attente, on est bien trop vite expédiés, avec seulement une petite heure de show et un rappel lâché à la sauvette sur fond de Tom Tom. Non vraiment ce n’était pas nécessaire. L’électro c’est bien, mais The Hundred in the Hands, malgré un premier effort totalement grisant, n’a pas suffisamment d’étoffe pour nous transporter. On attend donc la venue d’un batteur et d’un vrai bidouilleur de son, et on reviendra les voir, même s’il faut pour cela poireauter encore et encore.
Concert du 11 novembre 2010 au Point Ephémère
jeudi 11 novembre 2010
L'invasion Warpaint à la Cigale
Bon on rattrape le temps perdu, et on continue dans la foulée des festivités...
Samedi 6 novembre, jour 3 du festival Les Inrocks Blacks XS, Warpaint a su s’imposer sur les planches de la Cigale face à un line-up de taille, avec entre autres The Coral et Local Natives.
Il y a dans la musique des Californiennes une signature particulière : une sorte de pop transcendantale enivrante. Les quatre guerrières néo-gothiques se plaisent à invoquer des harmonies célestes et dansantes à la fois, faisant passer les festivaliers d’un état à un autre. Dans la fosse, certains sont émus et d’autres remués. Sur scène les voix planantes s’emparent de l’espace avec grâce et volupté, les riffs de guitares lancinants résonnent avec la même limpidité qu’un carillon, tandis que des roulements de batterie indiquent la marche à suivre.
Le concert a commencé, il est près de 20h et le quatuor féminin n’a pas l’attention de nous bercer à coup de Billie Holiday. Au contraire, il compte bien nous montrer de quel bois il se chauffe à grand renfort de sonorités martiales et sombres. La musique inclassable de Warpaint, entre folk shoegaze et hymne psychédélique, est toute-puissante sans jamais être agressive. Le groupe opte pour un set cohérent où les lumières tantôt sanguines tantôt froides des projecteurs annoncent la couleur du show. A la fois intimiste et chaud comme en témoigne ce duo vocal fiévreux et cette ligne de basse sensuelle, et fantomatique avec réverbérations glaciales.
Les Amazones sont de fines mélodistes qui ont su se façonner un univers bien à elles. On aperçoit Emily Kokal bidouillant les boutons des amplis pour créer cette ambiance expérimentale, puis lâcher sa guitare pour ne s’emparer que du micro, et finalement danser avec frivolité. Complices, les deux guitaristes se font face, sautillent au rythme des frappes de batterie et chantent en cœur leurs incantations mystiques. Malgré l’ampleur et l’exigence voire la rigueur du son, on se retrouve bel et bien devant quatre jeunes filles qui savent aussi faire preuve de légèreté. Less is more : elles ont misé sur la sobriété vestimentaire au profit d’un son magistral. Envolés sonores fulgurantes boostées par une Stella Mozgawa (batterie), possédée.
Les Peintures de guerre ont interprété la majorité des nouveaux titres issus de leur premier album The Fool. On retiendra Burgundy et Undertow : instants épiques. Sans oublier Elephants, que l’on pouvait entendre sur leur EP (Exquisite Corpse), redynamisé sur scène. En moins d’une heure - la prestation aurait mérité d’être plus longue avec notamment un rappel -, Warpaint a su investir l’espace et impulser leur son spécifique : onirique et triomphal à la fois !
Samedi 6 novembre, jour 3 du festival Les Inrocks Blacks XS, Warpaint a su s’imposer sur les planches de la Cigale face à un line-up de taille, avec entre autres The Coral et Local Natives.
Il y a dans la musique des Californiennes une signature particulière : une sorte de pop transcendantale enivrante. Les quatre guerrières néo-gothiques se plaisent à invoquer des harmonies célestes et dansantes à la fois, faisant passer les festivaliers d’un état à un autre. Dans la fosse, certains sont émus et d’autres remués. Sur scène les voix planantes s’emparent de l’espace avec grâce et volupté, les riffs de guitares lancinants résonnent avec la même limpidité qu’un carillon, tandis que des roulements de batterie indiquent la marche à suivre.
Le concert a commencé, il est près de 20h et le quatuor féminin n’a pas l’attention de nous bercer à coup de Billie Holiday. Au contraire, il compte bien nous montrer de quel bois il se chauffe à grand renfort de sonorités martiales et sombres. La musique inclassable de Warpaint, entre folk shoegaze et hymne psychédélique, est toute-puissante sans jamais être agressive. Le groupe opte pour un set cohérent où les lumières tantôt sanguines tantôt froides des projecteurs annoncent la couleur du show. A la fois intimiste et chaud comme en témoigne ce duo vocal fiévreux et cette ligne de basse sensuelle, et fantomatique avec réverbérations glaciales.
Les Amazones sont de fines mélodistes qui ont su se façonner un univers bien à elles. On aperçoit Emily Kokal bidouillant les boutons des amplis pour créer cette ambiance expérimentale, puis lâcher sa guitare pour ne s’emparer que du micro, et finalement danser avec frivolité. Complices, les deux guitaristes se font face, sautillent au rythme des frappes de batterie et chantent en cœur leurs incantations mystiques. Malgré l’ampleur et l’exigence voire la rigueur du son, on se retrouve bel et bien devant quatre jeunes filles qui savent aussi faire preuve de légèreté. Less is more : elles ont misé sur la sobriété vestimentaire au profit d’un son magistral. Envolés sonores fulgurantes boostées par une Stella Mozgawa (batterie), possédée.
Les Peintures de guerre ont interprété la majorité des nouveaux titres issus de leur premier album The Fool. On retiendra Burgundy et Undertow : instants épiques. Sans oublier Elephants, que l’on pouvait entendre sur leur EP (Exquisite Corpse), redynamisé sur scène. En moins d’une heure - la prestation aurait mérité d’être plus longue avec notamment un rappel -, Warpaint a su investir l’espace et impulser leur son spécifique : onirique et triomphal à la fois !
John and Jehn, avocats du diable?
Après le passage plutôt réussi de Race Horses, Jeanne et Serg…, euh Jehn et John ou plutôt l’inverse, bref le couple que forment Camille Berthomier et Nicolas Congé débarque sur la scène de la Flèche d’Or. Il est 22h passées et ils sont accompagnés d’une guitariste à la mèche rebelle et d’un batteur aux faux airs de Pierrot, en marinière et faciès opalin. Malgré les références faciles, les frenchies se sont imposés sur la scène de la Flèche comme sur celle du post punk.
C'est avec un aplomb démoniaque que John and Jehn interprètent leur Time for the Devil. Et John nous l'annonce clairement. Alors qu’un illuminé crie « Angoulême! » dans la salle avec entrain, le frontman rétorque avec humour, « c’était donc pour ça les flamants roses ?! Dommage parce que là, c’est l’heure du diable ! ». Et celui-ci d’ajouter en s'adressant à l'équipe technique « lumières rouges s’il te plaît ! ». On y est. Les projos illuminent le plateau d’une couleur sanguine, et le combo se met dans la peau de Lucifer le temps du morceau éponyme. On assiste à une véritable scène d’exorcisme alors que John, possédé, a les yeux qui lui sortent des orbites à l’instar d’un Ian Curtis ressuscité.
Sa voix rauque vient se mêler à la tessiture cristalline de Jehn et, ensemble, ils revisitent les pères fondateurs de la cold wave. On pense au Velvet, à New Order ou encore à Depeche Mode. Mais il y a en même temps la voix de Camille d’une épure déconcertante, qui adoucit la froideur des arrangements. Et cette élégance, je dirais presque à la française. Dommage que le tandem ait cette fâcheuse tendance à en rajouter, et à se faire passer pour des Anglo-Saxons. On entend en effet Jehn rythmer chaque fin de morceau par des « All Right », et s'écrier "Ca va Pariiiiis ?", telle une star internationale en tournée hexagonale. Mais vous me direz que J&J se sont exilés à Londres – cf. le titre-hommage à leur ville d’adoption -, London Town, et qu'on peut donc leur pardonner l’effet de contagion !
Côté son, on apprécie donc ce regain new wave et ce supplément résolument moderne : un alliage de synth pop sous effet de clavier vintage, et d’expérimental emmené par un piano jouet et des percussions enflammées. Le duo a montré sa face obscure et misé sur une ambiance spectrale, si bien rendue sur Vampire et The Ghosts. Telles de vraies rock stars, quitte à tendre vers l’attitude masturbatoire, John and Jehn n’ont pas hésité à ériger leurs guitares comme des phallus géants pour conclure chaque titre avec classe et désinvolture. Mais quand on entend Oh My Love sur scène, on se dit qu’ils peuvent continuer à se
vendredi 15 octobre 2010
Le salut du Petit Dragon
Ou l’histoire de Little Dragon et sa machine à Rêves…
Emmené par Yukimi Nagano, nouvelle héroïne suédoise née d’un père japonais, le quatuor Little Dragon est la nouvelle sensation electro vocale venue du froid. Froid polaire, comme ces accents métalliques et urbains boostées à grand renfort de keyboard façon Discovery (Looking Glass), mais teintés de curiosités exotiques avec percussions enflammées (Runabout). Un mélange atypique où l’ambiance nocturne des hivers suédois sans fin vient chatouiller l’univers synth pop et acidulé des productions les plus originales du Japon. Les accents technologiques proches de la house minimale (Feather Remix) avec vocodeur et samples aériens, et les sonorités electro se frottent à la voix rocailleuse et suave de Yukumi, rappelant celle d’une Martina Topley-Bird période Tricky. La fiancée suédo-japonaise est capable de créer des gimmicks pop entêtants (Never Never), comme de s’aventurer sur les plates-bandes de la soul, par la seule magie de sa voix, sur des arrangements minimalistes et organiques tel un conte moderne au pays du soleil levant (Twice).
Électronique, analogique, atmosphérique, parfois ludique et proches du 8-bit, le son de Little Dragon puise dans diverses contrées lointaines tout en étant parfaitement ancré dans son temps. Machine Dreams a les vertus hypnotiques d’un attrape rêve et la prosodie magique d’un anxiolytique, comme en témoigne le premier extrait de l’album, electro pop à souhait : My Step !
Little Dragon a collaboré sur le dernier album de Gorillaz, Plastic Beach (Empire Ants et To Binge).
Album: Machine Dreams. La bande se produira à Paris les 22 et 23 novembre prochains au Zénith.
samedi 2 octobre 2010
Syd Matters à l’EMB
Dès l’instant où les cinq musiciens montent sur scène, on y est, au fin fond de l’abysse. Syd Matters nous fait plonger dans son océan symphonique, comme on se laisserait porter par les flots paisibles d’une rivière. De doux arpèges de guitare, quelques notes de flûte traversière, des nappes de clavier, des voix qui s’entremêlent, se font écho et s’embrassent en une élégie, et nous voilà littéralement transportés dans une marée sonore. Quelques ricochets, un rai de lumière... il est tout juste bon de couler dans cet empire des ondes polyphonique.
Faussement calmes, les fonds marins qu’explore Syd Matters recèlent quelques mouvements plus agités, mais toujours aussi envoûtants. Avec ces harmonies de mellottron, ces arrangements électroniques subtils juste là pour planter le décor, ces deux guitares abrasives, ces réverbérations vocales, le public de l’EMB est maintenant emporté par le courant. Et finit par être capturé dans un tourbillon sonique. Syd Matters nous surprend à créer une ambiance sacerdotale – notamment quand il invite sur scène la chorale de Sannois qui parvient à nous faire hisser les poils à tel point qu’on se croirait dans une cathédrale - et complètement dantesque, avec des parties instrumentales virevoltantes. On vogue du folk au rock irradiés par des harmonisations mélodieuses, et parfois on est submergé par une petite vague post-punk où la voix de Jonathan Morali, frontman du groupe, devient froide et le climat martial. On a des frissons, comme lorsque l’on pénètre progressivement dans l’eau, puis on finit par baigner avec langueur dans ce Brotherocean. Si bien qu’on a plus envie d’en sortir.
Concert du 1er octobre à l'EMB Sannois
Photos: (c)ES
jeudi 30 septembre 2010
New Look, tendance canadienne
N’ayez crainte, il ne s’agit ni de parler de porno, ni de fringues cheap pour fashionistas ici. Mais du nouveau duo plutôt bluffant que forment Sarah Ruba et Adam Pavao aka New Look, originaire de Toranto.
Lui est un passionné de culture geek et hipster, et elle est mannequin. Du coup ça donne vite le ton. Un mélange de cachemire et de synthétique. Un son élégant et subtil aux accents digitaux.
Oui c'est ça. Synthé vintage, sonorités analogiques, voix éthérée et soul à la fois, murmures et souffles : un son sobre et minimaliste qui nous plonge dans une douce ivresse.
Les Canadiens sont partout en ce moment. Entre Caribou et Arcade Fire, ils n’ont rien à envier aux productions de Brooklyn, de Californie ou encore de Londres, qui battent leur plein. Car pour l’heure, New Look nous verse une nouvelle sauce sonore un brin cyberspatiale, mi electro ambiante mi pop. En clair, une potion magique magnétique et esthétique. En passe de suivre le chemin d’autres couples qui nous étonnés cet été, comme The Hundred in the Hands ou encore The XX, New Look creuse son sillon dans le cercle très prisé des « New Faces » à suivre. Nous, on adopte illico la tendance. Et vivement la prochaine collection (de titres) ! New Look présente pour le moment un EP baptisé How’s My Hair - l’album devrait sortir en début d’année.
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