Il y a avec certains groupes des relations particulières que l’on entretient sans trop comprendre. On les découvre au hasard d'une page MySpace, on les écoute, on aime, et on en vient à intégrer l'album sur notre I-Phone en attendant de les voir sur scène. Mais parfois l'expérience s'avère plus difficile que prévue...Tout a commencé cet été. Alors que je me rendais à la Plage du Glazart pour entendre les poulains de l’écurie warpienne, voilà que les tourneurs nous annoncent que
The Hundred in the Hands ne pourront assurer leur concert. Raisons techniques, logistiques où je ne sais quoi. Le tandem en personne vient s’excuser sur scène, avant de regagner sa loge et laisser les spectateurs penauds.
Un mois plus tard, on réitère l’expérience au festival de Saint-Malo,
La Route du Rock, et comme une fatalité la frustration allait une fois de plus frapper. Enthousiaste et plus motivée que jamais à l’idée d'une petite séance de rattrapage, j’attends patiemment la navette à la Gare de Saint-Malo avec une amie direction Fort Saint-Père, pour enfin vibrer sur
This Desert. Seulement la navette était autant bourrée que les festivaliers qui l’occupaient. Pleine à craquer de vacanciers surexcités et de campeurs ankylosés de sacs Quechua et de canettes de bières. Il n’y avait rien à faire, hormis rester gentiment sur le quai et sous la flotte une heure de plus jusqu’à l’arrivée de la prochaine navette, qui allait immanquablement nous faire rater la prestation des "100 dans les cheveux", comme nous l’a très bien traduit Eleanore Everdell au Point FMR jeudi dernier – bien que ça ne veuille absolument rien dire on est d’accord.

Parce que oui, je suis parvenue à les voir, mais non sans mal. 21h et des brouettes, énième coup de théâtre. «
The Hundred in the Hands va avoir une peu de retard, ils sont sur la route, à 50 km. En attendant un DJ va vous balancer du son et c’est open bar ! Non je rigole ! ». Bah voyons. Une fois n’est pas coutume hein. Une pinte de bière et deux cigarettes plus tard, le couple débarque enfin. Et le public du Point FMR trépigne d’impatience. Il faut maintenant passer le temps des derniers réglages et des balances qui n’ont évidemment pu être effectués dans les règles de l’art. Moyennant un début de set bancal.

La voix d’Eleanore peine à se faire entendre, et on a l’amère sensation que le jeu de guitare de Jason Friedman se réduit à une performance de mime. Les samples et les instrus électro étouffent les rares instruments « organiques ». C’est dommage.
Attendrissant, le duo fait tout ce qu’il peut pour se donner de la constance sur scène. Elle, lève le bras nonchalamment et fait mine d’être d’ores et déjà en transe, et lui, s’excite sur sa guitare comme pour justifier la présence sonore de sa bécane. Mais c’est foutu. Dans la salle électrisée, on a chaud, on est bien trop serrés, et on aurait
in fine préféré entendre The Hundred in the Hands sur le dancefloor d’une boîte de nuit. Au moins on aurait pu danser, parce que sincèrement sur scène il n’y a rien à voir. Entre les moments où Jason nous tourne le dos pour cliquer sur son ordinateur et où Eleanor meuble l’espace seule sur le plateau, rares sont les instants de grande intensité.

Imposture ? Pas totalement. La deuxième partie fut nettement plus enivrante, et la jolie brune a tout de même une sacrée voix. Pas suffisant ? Certainement. La formation est bien trop pauvre pour supporter les planches d’une salle de concert, aussi petite soit-elle. Et après deux heures d’attente, on est bien trop vite expédiés, avec seulement une petite heure de show et un rappel lâché à la sauvette sur fond de
Tom Tom. Non vraiment ce n’était pas nécessaire. L’électro c’est bien, mais The Hundred in the Hands, malgré un premier effort totalement grisant, n’a pas suffisamment d’étoffe pour nous transporter. On attend donc la venue d’un batteur et d’un vrai bidouilleur de son, et on reviendra les voir, même s’il faut pour cela poireauter encore et encore.
Concert du 11 novembre 2010 au Point Ephémère