dimanche 19 juillet 2009

Elles@centrepompidou L'art intestinal



Waouh, ça fait un bail! M'adonner à de longues justifictions ne serait qu'encre - enfin effort digital semble plus approprié - perdue. Belle échappatoire non?
Bref, j'évoquais, il y a de ça quelques mois déjà, l'expo Elles@centrepompidou... Bon l'info peu paraître périmée, toujours est-il que l'expo s'intègre dans la collection moderne et permanente du Centre Pomidou jusqu'à mai 2009, et qu'elle vaut vraiment le détour. Et ce n'est pas en ultraféministe que je m'engage, loin s'en faut, mais en grande amatrice de subversion. Parce que l'art contemporain n'est pas qu'une avalanche de productions sans valeur qui tend à discréditer l'art dit noble, c'est-à-dire d'un classicisme exacerbé, joliment mimétique d'un monde à photographier, mais une espèce d'épopée littéralement grisante à vouloir défier les lois reconnues par tous. Bien sûr, elles - citons Orlan par exemple et son ingénieux et complètement barré Baiser d'artiste, qui m'a particulièrement fasciné - ne sont pas les premières à avoir chambouler l'histoire de l'art. Les cubistes, les surréalistes, et même avant eux les impressionnistes, l'ont déjà fait. Mais à l'heure où nombre d'artistes contemporains connaissent les fustigations amères des critiques professionnelles ou non, qui s'acharnent à dire qu'il n'y a là ni art et que même un enfant de quatre ans serait à même de le faire, il faut admettre une chose; ces femmes, au-delà d'un combat sur la simple reconnaissance de leurs oeuvres dans le paysage artistique, revendiquent davantage une place dans la société dominée par le maître-phallus, avec un droit de parole, une approche subjective de la réalité . Une force guerrière, un cri de colère émanent de leurs productions - à l'image de Nicky de Saint Phalle tirant sur ces propres tableaux comme pour annoncer une nouvelle ère artistique, une nouvelle posture de l'artiste, s'éloigner progressivement des conceptions des Anciens, se libérer du tableau figé à contempler. Ces femmes appellent presque à la destruction et à la déconstruction. Une forme de catharsis au service d'un art de la performance,de l'abstraction, un art conceptuel, sensuel voire érotique, qui prend le contre pied et tend à faire mourir la suprématie de l'homme et de l'art, à tel point qu'elles aient fini par dompter les représentations du monde, et contribué largement à l'histoire de l'art. Comprendre que depuis bien longtemps, maintenant que la technologie nous a rattrapé, que l'art ne doit pas être qu'une conception picturale idéale (au sens platonicien). Tour à tour elles dévoilent leur sensibilité, même si elle ressort souvent de manière agressive et meurtrie - mais aussi drôle ou cynique à l'image des "Guerrilla Girls -, elles témoignent d'une époque qui connaît encore des brimades sociales, dans laquelle d'autres femmes ne sont pas encore à nu. On est plus dans la contemplation, on est carrément plongé dans l'expérience intime de chacune de ces artistes postmodernes, le temps d’une exposition - riche, un poil lourde peut-être -, thématique, en passant par les pionnières du genre, et peut être bien plus encore...

Jusqu'au 24 mai 2010 au Centre Georges Pompidou