vendredi 15 octobre 2010

Le salut du Petit Dragon


Ou l’histoire de Little Dragon et sa machine à Rêves…

Emmené par Yukimi Nagano, nouvelle héroïne suédoise née d’un père japonais, le quatuor Little Dragon est la nouvelle sensation electro vocale venue du froid. Froid polaire, comme ces accents métalliques et urbains boostées à grand renfort de keyboard façon Discovery (Looking Glass), mais teintés de curiosités exotiques avec percussions enflammées (Runabout). Un mélange atypique où l’ambiance nocturne des hivers suédois sans fin vient chatouiller l’univers synth pop et acidulé des productions les plus originales du Japon. Les accents technologiques proches de la house minimale (Feather Remix) avec vocodeur et samples aériens, et les sonorités electro se frottent à la voix rocailleuse et suave de Yukumi, rappelant celle d’une Martina Topley-Bird période Tricky. La fiancée suédo-japonaise est capable de créer des gimmicks pop entêtants (Never Never), comme de s’aventurer sur les plates-bandes de la soul, par la seule magie de sa voix, sur des arrangements minimalistes et organiques tel un conte moderne au pays du soleil levant (Twice).

Électronique, analogique, atmosphérique, parfois ludique et proches du 8-bit, le son de Little Dragon puise dans diverses contrées lointaines tout en étant parfaitement ancré dans son temps. Machine Dreams a les vertus hypnotiques d’un attrape rêve et la prosodie magique d’un anxiolytique, comme en témoigne le premier extrait de l’album, electro pop à souhait : My Step !

Little Dragon a collaboré sur le dernier album de Gorillaz, Plastic Beach (Empire Ants et To Binge).








Album: Machine Dreams. La bande se produira à Paris les 22 et 23 novembre prochains au Zénith.

samedi 2 octobre 2010

Syd Matters à l’EMB



Dès l’instant où les cinq musiciens montent sur scène, on y est, au fin fond de l’abysse. Syd Matters nous fait plonger dans son océan symphonique, comme on se laisserait porter par les flots paisibles d’une rivière. De doux arpèges de guitare, quelques notes de flûte traversière, des nappes de clavier, des voix qui s’entremêlent, se font écho et s’embrassent en une élégie, et nous voilà littéralement transportés dans une marée sonore. Quelques ricochets, un rai de lumière... il est tout juste bon de couler dans cet empire des ondes polyphonique.

Faussement calmes, les fonds marins qu’explore Syd Matters recèlent quelques mouvements plus agités, mais toujours aussi envoûtants. Avec ces harmonies de mellottron, ces arrangements électroniques subtils juste là pour planter le décor, ces deux guitares abrasives, ces réverbérations vocales, le public de l’EMB est maintenant emporté par le courant. Et finit par être capturé dans un tourbillon sonique. Syd Matters nous surprend à créer une ambiance sacerdotale – notamment quand il invite sur scène la chorale de Sannois qui parvient à nous faire hisser les poils à tel point qu’on se croirait dans une cathédrale - et complètement dantesque, avec des parties instrumentales virevoltantes. On vogue du folk au rock irradiés par des harmonisations mélodieuses, et parfois on est submergé par une petite vague post-punk où la voix de Jonathan Morali, frontman du groupe, devient froide et le climat martial. On a des frissons, comme lorsque l’on pénètre progressivement dans l’eau, puis on finit par baigner avec langueur dans ce Brotherocean. Si bien qu’on a plus envie d’en sortir.


























Concert du 1er octobre à l'EMB Sannois
Photos: (c)ES