samedi 29 janvier 2011

Le Clash Concorde!



Vous connaissez sans doute le genre de poncifs, "c'est toujours au moment où tu t'y attends le moins que ça tombe". Si ce vieil adage semble valable pour dégoter le job de vos rêves, votre moitié où je ne sais quoi, il vaut aussi pour toutes autres sortes de révélations. C'est donc sans grande conviction que tu te pointes à un concert rue de Bagnolet un certain vendredi 28 janvier (et sans l'attirail requis, un appareil photo par exemple).

"Ah une soirée indie club des Inrocks?", voilà un argument qui est censé vous stimuler.

"Oh et puis j'avais envie de sortir après tout"! On tâte l'ambiance, pas vraiment au fait de la programmation.

"Mais la Flêche d'Or n'a jamais été aussi bondée c'est dingue, à peine moyen d'atteindre l'antre de la pause cigarette. On se croirait sur la ligne 4, station Réaumur-Sébastopol en pleine heure de pointe". Enfin on parvient à se faufiler.

Jamais tout à fait indifférente, j'avais tout de même pris soin de vérifier le line up avant de partir, laissant un post sauvage sur le wall de mon amie qui m'accompagnait ce soir-là: "Candy Clash, ça a l'air pô mal!". Bon pronostic!

Alors que la plupart de l'assistance était venue écouter le trio déjanté de Twin Twin, qui, il faut l'avouer, nous a bien fait rire et perdre au moins 10% de notre masse adipeuse, nous fûmes pour notre part littéralement emballées par la prestation de Candy Clash. Et Concordisées nous sommes à présent! (Oui parce que le quatuor que forment Clément, Max, Roger et Louis s'est rebaptisé Concorde: une envie soudaine de prendre de la hauteur certainement).

Avec une aisance déconcertante, le combo surfe sur une vague mi rock psychédélique mi post-punk, avec ces petits riffs de guitare secs et tranchants comme on les aime, une ligne de basse lascive, et des arrangements electro clairement d'actualité. En clair Concorde connaît ses classiques tout en les adaptant à la sauce contemporaine.

Situés quelque part entre Sonic Youth et Joy Divison - on va arrêter là la tendance name dropping à tout va -, les petits frenchies originaires de Paris nous ont fait passer d'un état de douce ivresse porté par des plages de clavier limpides, à un état frénétique sur des harmonies électriques et des remixes de haute volée. Ils présentaient entre autres pépites pop new wave, Candy Boy, leur nouveau single! Hommes en sucre? Non avec Concorde on est loin d'écouter une sauce sirupeuse...





mercredi 26 janvier 2011

J'aime la galette!



Alors que l’on hésite encore à collectionner de manière quasi-religieuse nos compact dics ou parfaire notre bibliothèque numérique, le microsillon éclate ce doute cartésien et annonce un renouveau de la consommation musicale. Rééditions, éditions limitées, nouvelles livraisons en 45 et 33 tours et platines dernier cri, la galette noire fait son grand retour. Explication d’un phénomène neo-old-school.

Le CD que l’on a chéri, dépoussiéré, rayé et finalement rangé au fin fond d’un tiroir plein à craquer, est depuis un bon moment victime de son succès et de la révolution numérique. On lui préfère aujourd’hui la dématérialisation. Plus pratique, le fichier MP3, WMA et consorts via les plateformes de téléchargement légal, aide tout mélomane qui se respecte à rythmer en continu ses soirées enflammées grâces à des play-list préalablement conçues. Beaucoup plus efficace que de solliciter ses convives tous les quart d’heure pour savoir quel CD écouter. Sans compter une perte de temps et d’énergie considérable à chercher parmi une pile pharaonique de boitiers vides le disque spécial « ambiance soirée » pour finalement laisser honteusement sa chaîne hi-fi avaler la compile des années 70 que grand-mère a offert à Noël. Comment le vinyle, né en 1948 sur le label Colombia et dont on a annoncé la mort en 79 avec l’arrivée du premier compact Disc chez Philips, est-il alors parvenu à renaître de ses cendres ?

Un objet culte

En pleine période transitoire, entre physique et numérique, l’offre de distribution musicale laissent un peu pantois les consommateurs. Perdus, les auditeurs lambda préfèrent se tourner vers des valeurs sûres. Le vinyle est là pour rétablir un peu d’ordre dans ce joyeux fourbi. La génération de soixante-huitards nostalgiques et hermétiques à l’offre digitale voit en lui le moyen de revivre les années yéyé et rock’n’roll à grands renfort de faces A et B. Tandis que les jeunes semblent se laisser séduire par cet objet vintage, allant à la recherche d’une pépite discographique en format 45 tours comme ils iraient chiner dans une friperie pour y dénicher une pièce forte que personne ne possède. Et oui, le vinyle a ce petit quelque chose en plus qui force le respect : la préciosité. Du moins a-t-on la sensation d’acquérir un objet rare en achetant un vinyle.


Une œuvre d’art


Le CD peinant à se vendre, les artistes estampillés « musique indé », sont d’ailleurs les premiers à savoir qu’il faut miser sur la carte du bel objet pour séduire. Et ne lésinent pas sur la charte graphique de leur LP. Force est d’admettre qu’une belle pochette en format 33 tours est beaucoup plus attrayante qu’en format CD. Alors que la cassette est bel et bien morte depuis l’annonce par Sonny en octobre dernier de l'arrêt de production du walkman, le vinyle, lui, conserve sa place d'objet d’art collector: surface plane discoïde noire ou blanche pour les plus audacieux, et pochettes travaillées avec artwork démentiels. Comme un beau livre que l’on aime à exposer dans sa bibliothèque, le vinyle, c'est classe.


Un son


Et puis il y a ces petits malins qui ont vu en lui le possible retour en puissance du son. Un son unique, chaud et rond… Ce n’est pas pour déplaire les esgourdes les plus aiguisées, aujourd’hui irritées au son compressé. Ces petits malins ne sont autres que nos bons vieux disquaires qui n’ont pas eu froid aux yeux face à l’empire despotique de Itunes et de Amazone. Et qui s’imposent avec audace sur le marché et proposent, à l’exemple de la Boutique Fargo du côté d’Oberkampf (également label indépendant), une sélection de rééditions et de nouveautés avec en prime la possibilité pour les acheteurs de télécharger gratuitement la version numérique du LP sur leur I-Pod via le site de la boutique.

Un support rétro-futuriste

Mais il y a également ceux qui parviennent à dépasser la nostalgie, et tentent le pari de mixer rétro et révolution. Ceux-là sont les géants des nouvelles technologies qui ont permis au vinyle de s’adapter à nos lecteurs numériques. Pouvoir écouter son 45 tours sur une platine tout en numérisant le contenu du disque sur une clé USB ou carte SD, c’est désormais possible. Tout comme numériser son fichier phonographique directement sur son lecteur numérique – certaines platines étant dotées d’une station d’accueil I-Pod. Autant de machines qui envahissent le marché et qui garantissent l’authenticité du son tout en s’adaptant aux exigences contemporaines! On est loin du bon vieux mange-disque qui n’avalait que les 45 tours...

Un outil pour bidouiller du son

Depuis les années 70, la galette est devenue le support de prédilection des producteurs de hip hop. Alors que l’apparition du CD tendait à faire disparaître le vinyle à la fin des années 80, la culture du scratch aux Etats-Unis puis en France, a fait connaître un second souffle au microsillon. Tables de mixage et platines sont devenus les instruments de base des DJs, et aujourd’hui nombre de genres créent encore l’uppercut sonore dans les salles de concert et sur les dance-floor. Le turnablism, l’abstract hip hop ou encore le trip hop reposent tous sur cette technique particulière permettant au DJ de mixer du son en jonglant d’un vinyle à l'autre. Qu’il s’agisse de Wax Tailor, DJ Shadow, Dee Nasty, Tricky, Portishead ou les premiers Morcheeba, des labels Ninja Tune, Warp ou encore Mo'Wax, le son du vinyle est encore là est fait bel et bien partie du paysage musical!