lundi 26 octobre 2009

Interview bancale des BB brunes - Nico teen love

Ca s'est passé au Truskel, ce café pseudo-underground du 2e. Mais si, ce rufuge tamisé en mode garage londonnien où défilent pléthore d'artistes en vogue et jeunes musiciens - le concept étant à la scène libre. Ca y est? C'était jeudi dernier, et l'ambiance demeurait plutôt bonne entre deux pintes de 16 et deux morceaux acoustiques. Minuit passé, et voilà que l'espace se métamorphose. Parmi la foule de jeunes poules anglaises affublées d'imprimés léopards et zèbres, moulées dans leurs minis et perchées sur des talons de 13cm, gloussant des barbarismes et autres slang - cigarette au bec sur le trottoir -, arrive Karim. Ouais Karim. Qui c'est? Mais Karim n'est autre que le batteur des BB brunes, allons donc! Le beau goss du groupe quoi. Ok. Aidée par l'atmosphère teintée d'alcool (avec modération bien sûr), je me décide à le rejoindre pour une petite interview improvisée. Ne connaissant que très mal l'univers musical des new dandys, autant dire que je me vouais d'emblée au suicide. Mais, fermement convaincue de mon entreprise audacieuse, je me lançai tant bien que mal à la découverte des BB brunes, via celui qui ne parle jamais, qu'à cela ne tienne! Je me présente et lui propose de répondre à mes quelques questions baclées, en bonne journaliste amateur. Voilà qu'il accepte sans trop moufter. Eurêka.
Seulement voilà, à peine eus-je le temps d'évoquer, non sans mal, le clip "Dis-moi", et le gros clin d'oeil au Beatles, qu'il m'interrompt et me fait clairement comprendre que l'heure est au nouvel opus. Nico teen love. Tiens donc?

Un journaliste doit être dans l'actu, nous on fait la promo de notre dernier album et vous me parlez de notre première chanson. Je suis désolé mais on va devoir mettre un terme à l'interview.

Consciente de mon ignorance, j'essaie tout de même de me rattrapper.

"Oui, bien sûr, mais ma question était portée sur la référence flagrante aux Beatles, et l'influence majeure des sixties dans votre musique. Un groupe, un artiste est reconnu dans son intégralité, et pour son univers. A vous entendre, c'est comme si vous avortiez votre premier album."

Et, bizarrement, ma répartie poursuit l'échange:

Nous, on est contre la catégorisation. C'est vrai, les Beatles sont une de nos influences, mais on est est un groupe de rock français. J'ai envie de citer Willy Deville: "Je n'aime pas les Beatles".


"Qu'est-ce-que ça vous évoque, c'est l'exception selon vous?"

Non, c'est juste qu'il n'y a pas que les Beatles, nous on veut une carrière plus longue que Téléphone.

On sent une connivence entre les membres du groupe, vous vous connaissez depuis lontemps, qui emmène le groupe? Agacé:

Ca fait 10 ans qu'on se connait. Avant on avait un groupe, les Hangover. Avec les BB brunes, c'est Adrien le "leader", puisqu'il est compositeur. Il écrit, il chante.

Je tente de tenir compte de sa requête et poursuit sur l'actualité des BB brunes.

Votre deuxième album, que je n'ai pas écouté (sourire), vous avez senti une progession, musicale, technique?

Oui c'est certain, on a nettement évolué. L'album évoque des thèmes proches de nous: l'amour, la haine aussi, l'amitié, les relations humaines en général.

Souvent on reproche aux artistes, engagés notamment, via leurs textes ou leurs apparitions médiatiques, de se tourner vers des statuts de porte-paroles, quelle position vous adoptez par rapport à ça?

Nous, on est pas là pour revendiquer des choses. On est là pour faire de la musique, du divertissement.

Vous avez quand même un regard sur la société, envers les jeunes, votre génération notamment?

Oui, mais sur la vie de tous les jours. Notre public se situe entre 20 et 30 ans. Mais ça reste notre avis. On constate ce qu'on voit.

Je reviens rapidement sur votre premier clip, simplement parce que c'est grâce à lui que vous avez pu connaître un certain succès. Quel est aujourd'hui votre regard sur vos débuts?

C'est marrant parce que ce clip, on ne l'aime pas. On l'a fait comme ça, entre potes, un peu en amateurs, et c'est juste hallucinant de voir comment il a pu marcher alors qu'on ne soupçonnait pas le moindre impact.

Comme quoi! Merci Karim...

lundi 19 octobre 2009

Hope Sandoval & The Warm Inventions - Through the Devil Softly, l'album de l'hiver



Un peu de Cat Power par-ci (Blue bird), une ambiance à la Death in Vegas par-là (Hope Sandoval a d'ailleurs prêté sa voix pour Help Yourself), une voix sensuelle - rappelant à bien des égards celle de Lou Rhodes (Lamb) -, que demander de plus? Une pléiade d'instruments cristallins peut-être. Des choeurs célestes, une boîte à musique, des arpèges de guitares... Et un violoncelle (le magnifique Sets the Blaze), qui vient se greffer à l'univers éthéré et limpide de Through the Devil Softly pour y ajouter de la chaleur... Quelle douceur. C'est laiteux, sans être mièvre. Ces petits rifs de guitare électrique fuyants, adoucis par des nappes de clavier délicates (For the rest of your life), c'est hypnotique sans jamais verser dans le soporifique. Mieux, cette impression latente qui se dégage des diverses notes entremêlées, participe à un effet de somnambulisme grisant. Et puis l'harmonica en toile de fond sur Wild Roses, quelle cohérence pour cette promenade folk en pleine nature sauvage. Parce que chaque détail instrumental sert à l'autre, l'ensemble reste bien dosé. Comme un conte moderne, évitant avec brio la comptine, où faune et flore restent au demeurant étranges et le décor lumineux, on se laisse facilement ensorceler par les lyrics incantatoires du sacro-saint Trouble - sans doute l'un des meilleurs titres, on apprécie notamment l'intervention de la batterie. Entre obscur et incandescent, le trouble attisé par l'ancienne vocaliste de Mazzy Star opère en effet. Une constante dualité qui frappe en plein coeur. Intimiste et calfeutré, Through the Devil Softly de Hope Sandoval fait la part belle à la méditation, entre déclaration ouverte (Suzanne) et pensées secrètes.

lundi 12 octobre 2009

L'art, phénomène de mode ?



Il y a comme une vague de contradictions dans le domaine de la mode. A l'heure où certains couturiers tendent à la populariser en collaborant avec les nouvelles it girls de la musique, d'autres misent sur la transversalité en lançant leur propre collection de graffs (Agnès B à la galerie du jour - Graffiti, état des lieux). Ceux-là, comme Lagerfeld invitant une Lily Allen - nouvelle égérie Chanel -, sur le podium du défilé printemps/été 2010 lors de la Fashion Week pour un show case underground, ou encore Lacroix faisant la couv' des Inrocks aux côtés de Laroux, semblent a priori en manque d'inspiration, ou alors en quête d'une avant garde artistico-culturelle.

La mode, quoi qu'on en dise, reste intimement liée à l'art. Et pour cause, elle puise directement ses sources dans la peinture (les robes de Lacroix aux imprimés Dubuffet), ou encore le cinéma (la vague du futurisme à la Fritz Lang sur les podiums). Or, à en croire la classification des arts (de la sculpture à la bande dessinée, jusqu'au jeu vidéo aujourd'hui), la mode n'est pas en définitive un art. Et parce qu'elle est soumise à l'industrie du luxe, on a tendance à oublier nombre de ces petits doigts de fées, et tous les efforts de création qui en émanent. La mode est avant tout une affaire d'artisanat. Mais ne nous méprenons pas. Quand on voit de nos jours certaines alliances soudaines entre le secteur de la musique, le marché de l'art, et l'industrie du luxe, il y a de quoi être sceptique. La mode, depuis longtemps et toujours réservée au gratin aristo, est désormais victime de son propre élitisme. Maintenant qu'elle peine à se renouveler, nous rabâchant les mêmes tendances défraichies chaque année, elle semble à présent vouloir conquérir un autre public. Fini la bourgeoise et sa panoplie fourrure Fendi et lunettes oversize Dior. La haute couture se démocratise et atteint les jeunes dandys épris d'une nostalgie sixtees - époque qu'ils n'ont même pas connue. Si bien qu'un regain rock'nd pop mariant zik et fringues, vient aujourd'hui sensibiliser les bébés bruns et blonds avides de culture frip and Bob Dylan. Alors on nous balance quatre pages d'interview autour du maître de la couture originale et marginale, Lacroix, et de la nouvelle icône de rock au look impertinent et élégant, Laroux. On nous fait croire en une complicité entre les deux empires, assurant une connivence esthétique et un certain penchant pour les époques antérieures, traduisant un grosso modo: aujourd'hui, tout est à jeter. La musique est au revival eighties et la mode est stricto sensu morte. Une promiscuité apparente entre la haute couture et l'art, comme pour légitimer la mode dans le paysage artistique. Quand on sait que la maison Lacroix est en cessation de paiement depuis le mois de mai dernier, quand la crise touche l'industrie du disque aussi, et quand enfin l'art se banalise, tout ce brouillage de frontières entre certains secteurs de la culture fait mouche.

Lily Allen, phénomène de culture pop en mode myspace, ancien personnage étrange aux cheveux roses, et au look hybride associant robe Oui-Oui/basket, finit par devenir égérie Chanel. Elle fait les couv' des magazines et devient une muse sublimée sous "l'objectif de Karl Lagerfeld", précise-t-on dans Elle. Et Lagerfeld de devenir un photographe, un artiste magnifiant son modèle. A ceci près qu'on continue à avoir du mal à imaginer une Lolita qui chante des "fuck you" à tout va, assumer le rôle d'égérie chic. La mode se rebelle. Bof.
Puis les artistes eux-mêmes se dirigent vers ces grandes enseignes de luxe. Prenons David Lynch, sans doute le plus sulfureux et le plus opaque des réalisateurs américains - à l'esthétique expressionniste et onirique -,qui se tourne vers les Galeries Lafayette. Une exposition autour de sa collection surréaliste, Machines, Abstraction et femmes, était visible (fin septembre, début octobre), depuis les vitrines des Grands Magasins. Cette collaboration rend de fait accessible l'art à tous, en même temps qu'elle opère un bon coup de pub pour les grands magasins du boulevard Haussmann. On se souvient même d'un noël 2008, où Lagerfeld investissait aussi les vitrines du Printemps, d'un univers féérique avec poupées suspendues et jeux de lumières à l'égal d'une installation artistique. Alors, coup de génie ou grosse supercherie?

lundi 5 octobre 2009

Love 2 - Bouffée d'Air frais...



Pour les amateurs d'électro aérienne, le nouvel opus de Air, ce duo français qui pose pour la B.O d'un Sofia Coppola - Virgin Suicides et la poésie urbaine Lost in Translation -, et qui parvient à supporter la comparaison avec Zero 7, annonce le retour d'un trip hop souple, frais, léger, bref rempli d'oxygène. On retrouve sur les pistes de Love 2, l'ambiance lounge et harmonique du premier album Moon Safari pour les fidèles de la première heure, moins pop et expérimental que 10 000Hz legend ou encore Talkie Walkie. C'est tout un univers cosmique, rythmé par des instruments électroniques aux allures de boîtes à musique, et des voix denses et claires (comme celle de Claudine Longet), qui nous propulse dans une autre dimension - moins sombre. Le deuxième extrait intitulé Sing Sang Sung semble marquer de son empreinte la couleur de Love 2: amoureuse, généreuse, enfantine, un brin psychédélique, nostalgique aussi. On a comme l'envie de chevaucher un cabriolet, et de se laisser bercer avec nonchalance et innocence le long d'une route sans fin, par cet air neuf et revigorant. En clair, c'est une invitation à plonger dans un monde acidulé, couleur pastel, édulcoré sans doute. Un rien bisounours, mais parfois ça fait du bien non?