samedi 20 juin 2009

Let the Sunshine!




Un mec, jeune cadre, - bien sous tout rapport - se pointe dans une boutique d'armes à feux. Il réclame un bon fusil de chasse. Dans la foulée, il s'empare de l'engin, semble-t-il pour l'ausculter. La caméra en rotation, le mec de dos, puis Bang... voilà que la tête du brave type git dans tout le magasin. Un suicide rondement mené, et en bon et due forme. Telle est l'ouverture de 'Sunshine Cleaning': efficace.
On y est, dans l'Amérique profonde, crade, précaire, mais tellement attachante, grâce au duo subtil que forme Rose et Norah Lorkowski,(Amy Adams et Emily Blunt)- les deux soeurs aux prises avec un sacré tas de merde. Si vous avez aimé 'Little Miss Sunshine' (comme moi), produit par la même équipe, vous serez certainement charmés par l'humoir noir un brin cynique, et le portait de l'Amérique des deux castes: les cadres dynamiques et leurs femmes au foyer fières d'exiber leurs bagues de fiancailles, attachées aux coutumes à deux balles, (genre Baby Shower et confétis à tout va), et les autres. Ceux en marge, avec un seul bras, les enfants trop originaux pour côtoyer leurs camarades à l'école publique, et les femmes de ménage. Epuisée, Rose aspire à autre chose. Tous les matins, elle se répète la même rengaine: "I'm strong, I'm powerfull", mais nettoyer le déguelis des autres a des allures d'huliliation, surtout quand on a connu la popularité tant prisée au lycée: pom pom girl, it boys et chalala! Puis il y a Norah, trentenaire, vivant son adolescence à retardement, encore chez le père (amer au grand coeur, à l'instar du grand-père de little Miss Sunshine). Look punk sur le déclin, franc parlé, transmettant des histoires peu académiques à son neuveu. Ras-le-bol, overdose de néant, avide de sensations fortes, les frangines se lancent dans une entreprise peu commune. Elles se reconvertissent en nettoyeuses post-mortem. Scènes de crimes atroces, elles plongent d'emblée dans le passé des autres: les disputes bien trop violentes des couples, les suicides, et les gens qui se laissent tout simplement mourir. Alors, elles rendent service, comme si elles lavaient les âmes en perdition. Le tableau n'est pas très réjouissant: sang incrusté, mouches, larves, odeurs pestillentielles, le tout agrémenté d'une bonne humeur et de scènes cocasses! Détegerants et désinfectants deviennent leur alliés en même temps que les soeurs gagnent en complicité. Christine Jeffs instaure un climat oscillant entre la pourriture-moisissure, et la fragilité illuminée des valeurs humaines. Derrière la précarité des vies, la chiure la plus compète, se dévoilent des êtres graciés. Le rythme y est entraînant, les plans saisissants, et les personnages lumineux!



SUNSHINE CLEANING
Sorti le 10 Juin 2009
Réalisé par Christine Jeffs
Avec Amy Adams, Emily Blunt, Alan Arkin.

samedi 13 juin 2009

We say yes yes yo!


Celui qui fait rimer Obama au Dalai Lama, chante déjà un hymne à la jovialité extatique. Cuivres tantôt entraînants, aux sonorités bebop accompagnant un flow east cost effréné, tantôt sourds pour sombrer dans une ambiance propice à un univers fantomatique. Puis rupture du tempo et rupture du temps en deux temps trois mouvements: comme une invitation à pénétrer dans un deuxième univers, voire une deuxième dimension presque cinématographique. Un bruit de balles roulant sur une surface carrelée crée un son métallique, typiquement américain, mais sans verser dans le bling bling. Au contraire, la multitude de sons additionnels et de glissements rythmiques - auxquels nous habitue Wax Tailor depuis "Tales of The Forgotten Melodies" - nous plonge dans l'athmosphère old school des films de gangsters noirs des années 70. Deux trois notes de piano,et ça repart. Ambiance jazzique, socle hip hop témoignant de l'identité originelle de Wax Tailor, telle une véritable jam session, il fait fi des conventions. Enième fracture, les allures de fêtes laissent place à une voix radiophonique: "this is not an exercice", (comme un discours politique archivé), réincarné en une interruption digne d'un MC's with his mic'. Réflexes à la Tailor. Faire se surimbriquer les genres, les tendances, les modes d'expressions et les époques. Rebelote, un décompte de nappes de clavier se fait entendre et crée une atmosphère flottante l'espace d'une fraction de seconde.
Entre musicalité en suspens, beat on ne peut mieux mixé, l'auditeur est d'emblée de la partie... he says yes au rythme débridé, destructuré, mais non moins harmonique du tout nouveau titre cinématique de Wax Tailor.


"Say yes", premier titre de l'album "In the mood for life" (sortie en octobre 2009).

lundi 8 juin 2009

J'Irai danser sur vos tombes!!




Tel est le titre prévu à l'origine pour l'oeuvre la plus sulfureuse de Boris Vian, enfin de son alter-negro: Vernon Sullivan! Voilà 50 ans déjà que ce génie pluridisciplinaire nous a quitté. Et nous voici desormais héritiers - modestes - d'un visionaire. Boris Vian nous aura laissé toute sa jovialité, sa frivolité: les caves de Saint-Germain et sa cultissime trompinette, sa verve fantaisiste, sa logique folle, et son absurdité, auront eu raison d'un homme ouvert, créatif, et passionné. Boris Vian embrasse tout: la littératute, la musique (le jazz), la science (ingénieur de formation, il s'essaie avec brio à la science-fiction), le cinéma. Dramaturge, poète, traducteur (de romans américains), compositeur, directeur artistique, Satrape au Collège de Pataphyque... Diantre, Boris Vian maîtrise tout, et a de quoi titiller notre égo. Ses compagnons de route, guidant ses pérégrinations démiurgiques, ne sont autres que Jean-Paul Sartre, Alferd Jarry, Quenneau,Zozo d'Halluin. Ses mentors (pour la partie jazz)... Duke Elligton, Miles Davis viennent rythmer le quotidien diurne et nocture de Vian, pour le faire basculer dans un univers des plus enchantés. Boris Vian a ce don d'éveiller nos sens, d'élever notre créativité, de nous pousser à penser que rien ne vaut l'art. Apolitique dans lâme - à l'heure où les élections européennes battent de l'aile avec un taux de vote qui peine à atteidre les 45% - l'on se risquerai presque à vouloir un retour aux intellectuels au pouvoir comme seul gage de réussite sociale. Toujours est-il que Boris Vian nous aura fait rêver, et continue à le faire tout en reposant dans son empire des songes....