jeudi 11 novembre 2010

John and Jehn, avocats du diable?



Après le passage plutôt réussi de Race Horses, Jeanne et Serg…, euh Jehn et John ou plutôt l’inverse, bref le couple que forment Camille Berthomier et Nicolas Congé débarque sur la scène de la Flèche d’Or. Il est 22h passées et ils sont accompagnés d’une guitariste à la mèche rebelle et d’un batteur aux faux airs de Pierrot, en marinière et faciès opalin. Malgré les références faciles, les frenchies se sont imposés sur la scène de la Flèche comme sur celle du post punk.



C'est avec un aplomb démoniaque que John and Jehn interprètent leur Time for the Devil. Et John nous l'annonce clairement. Alors qu’un illuminé crie « Angoulême! » dans la salle avec entrain, le frontman rétorque avec humour, « c’était donc pour ça les flamants roses ?! Dommage parce que là, c’est l’heure du diable ! ». Et celui-ci d’ajouter en s'adressant à l'équipe technique « lumières rouges s’il te plaît ! ». On y est. Les projos illuminent le plateau d’une couleur sanguine, et le combo se met dans la peau de Lucifer le temps du morceau éponyme. On assiste à une véritable scène d’exorcisme alors que John, possédé, a les yeux qui lui sortent des orbites à l’instar d’un Ian Curtis ressuscité.

Sa voix rauque vient se mêler à la tessiture cristalline de Jehn et, ensemble, ils revisitent les pères fondateurs de la cold wave. On pense au Velvet, à New Order ou encore à Depeche Mode. Mais il y a en même temps la voix de Camille d’une épure déconcertante, qui adoucit la froideur des arrangements. Et cette élégance, je dirais presque à la française. Dommage que le tandem ait cette fâcheuse tendance à en rajouter, et à se faire passer pour des Anglo-Saxons. On entend en effet Jehn rythmer chaque fin de morceau par des « All Right », et s'écrier "Ca va Pariiiiis ?", telle une star internationale en tournée hexagonale. Mais vous me direz que J&J se sont exilés à Londres – cf. le titre-hommage à leur ville d’adoption -, London Town, et qu'on peut donc leur pardonner l’effet de contagion !



Côté son, on apprécie donc ce regain new wave et ce supplément résolument moderne : un alliage de synth pop sous effet de clavier vintage, et d’expérimental emmené par un piano jouet et des percussions enflammées. Le duo a montré sa face obscure et misé sur une ambiance spectrale, si bien rendue sur Vampire et The Ghosts. Telles de vraies rock stars, quitte à tendre vers l’attitude masturbatoire, John and Jehn n’ont pas hésité à ériger leurs guitares comme des phallus géants pour conclure chaque titre avec classe et désinvolture. Mais quand on entend Oh My Love sur scène, on se dit qu’ils peuvent continuer à se branler lâcher sur leur engins tellement c’est bon !







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